Vous avez été nombreux à saluer la mise en ligne de cette nouvelle rubrique… et très impatients de connaître la suite de l’histoire. Chaque semaine, vous en découvrirez un peu plus. Quatorze mois d'une aussi extraordinaire aventure ne peuvent se dévoiler en un clin d’œil.
Avant d'entamer notre parcours au Guatemala, mettons l'accent sur la genèse et la préparation du projet. Nous avions décidé de partir. Soit. Un an au minimum. Avec pour fil conducteur l'Enfance et la réalisation de reportages photo, vidéo, écrit. Une décision estivale, bien que mûrie, en ce qui me concernait, depuis ma plus tendre enfance. L'idée avait germé dans nos esprits. Il restait à la mettre en œuvre, à finaliser l'itinéraire, les modalités du voyage, le budget. Le départ fut préalablement fixé le 14 février 1991, pour marquer notre projet commun du sceau de la Saint Valentin. Puisque nous avions établi de faire de ce voyage plus qu'une simple promenade, il nous a fallu en conceptualiser l’esprit et la démarche. Au-delà du choix de l'itinéraire et des préparatifs minutieux pour un aussi long parcours, nous avons compilé toute la documentation nécessaire pour appréhender les situations politique, économique et sociale de ces pays dans lesquels nous aurions à opérer.
Nous nous sommes attelés à la tâche : rédaction des dossiers de présentation de notre projet à l'intention des médias, des municipalités, des sponsors publics et privés. Un dossier par public visé, afin de détailler les apports de l'opération pour chaque partenaire potentiel. Nous avions au départ l'ambition d'associer des écoles, des collèges, des municipalités à notre démarche. En 1990, Internet en est encore à ses balbutiements. Le minitel est un terminal franco-français. Si aujourd'hui, il est aisé de communiquer depuis le bout du monde et de mettre en ligne textes, photos, vidéos, commentaires sonores, à cette époque, pourtant pas si lointaine, la logistique se révélait beaucoup plus contraignante. Nous avions donc besoin d'un coordinateur en France, chargé de recevoir documents, objets, écrits, photos, films, enregistrements son et de les proposer aux médias et à nos partenaires pour diffusion.
Nous souhaitions également obtenir l’assentiment d'une vingtaine de grandes municipalités quant à des partenariats avec leurs écoles, tout au long du périple. Nous envisagions de garder le fil avec les élèves de ces écoles, de leur adresser régulièrement différents documents, de répondre à leurs questions au fil de l'itinéraire, puis, à notre retour, de proposer aux municipalités-partenaires, aux écoles, aux associations et aux clubs pour les enfants, aux comités d’entreprises, etc, des conférences-projections, des expositions photos, des animations-débats, des échanges, jumelages, actions de soutien auprès des enfants du monde.
Pour animer ces rencontres, nous commencions à élaborer nos matériaux informationnels, notre carnet de route « Tour du Monde de l’Enfance », récit condensé pour chacun des pays traversés, de sa géographie, son histoire, ses hommes, son économie, ses curiosités, notre « courrier du bout du monde », racontant l'histoire d'un enfant, d'une famille, d'un personnage, d'un village ou d'une région pas comme les autres, des reportages vidéo et photo sur les écoles du bout du monde et la vie quotidienne des enfants.
Photo N°2 : Nous nous étions fixés une ligne de conduite : pas de sensationnalisme, pas de viol des intimités, pas de scoop. Nous voulions simplement être témoins, montrer le quotidien des enfants du monde, leurs modes de vie, leurs coutumes, leur vie ordinaire, aux mêmes âges et dans les mêmes situations que leurs petits camarades de France.
La présentation du projet, sa médiatisation, la recherche des partenaires ont mobilisé notre énergie. Patatras. Août 1990 marque le début de la première guerre du golfe, celle du président Bush père. Les partenaires sollicités manifestent intérêt certain et encouragements : « bravo pour votre initiative ». Mais nos demandes de partenariats demeurent lettres mortes. Entreprises et municipalités sollicitées subordonnent toute décision à l'issue du conflit.
Forts de notre idée, de notre conviction et de notre motivation, nous décidons de ne pas attendre, même si nous reportons notre départ de quelques mois. Nous rassemblons nos économies, déménageons de Paris, stockons nos meubles et affaires dans la cave d’une maison de famille en Bretagne, et optons pour l’autofinancement de la première phase de notre projet. Nos moyens sont modestes ? Nous nous adapterons. Nous souhaitons être proches des populations locales. Inutile de s’encombrer du superflu. Nous quitterons la France pour notre première destination, le Guatemala, le 2 juin 1991.